Formellement accusés de « terrorisme » et de « sabotage », Gilberto Martínez Vera, 35 ans, et María de Jesús Bravo Pagola, 34 ans, risquent de trois à trente ans de prison assortis d’une amende de 750 jours de salaire et la suspension de leurs droits politiques pendant cinq ans.

« Cette inculpation est délirante malgré l’imprudence de certains messages postés par les accusés. Nous demandons la libération immédiate de Gilberto Martínez Vera et María de Jesús Bravo Pagola. Selon le code pénal de l’État de Veracruz, la détention préventive est une mesure exceptionnelle, envisageable seulement s’il existe une information quant à la responsabilité présumé des inculpés dans de tels actes. En l’absence de preuve de leur intention de ‘perturber la paix publique’, ‘affaiblir l’autorité de l’État’ ou ‘troubler gravement la vie économique ou culturelle de l’État’, les deux usagers de twitters n’ont rien à faire en prison. La censure se conjugue ici à l’abus d’autorité », a déclaré Reporters sans frontières.

« Même si l’information diffusée par ces deux personnes a pu sembler douteuse voire exagéré, poursuivre des utilisateurs des réseaux sociaux pour des actes de terrorisme constitue un excès procédurier », a ajouté l’organisation. L’état de la liberté d’informer dans l’État de Veracruz est d’ailleurs de plus en plus alarmant. Outre de nombreux cas d’intimidation et menaces, le territoire compte à lui seul trois journalistes assassinés depuis le début de l’année : Yolanda Ordaz de la Cruz, Miguel Ángel López Velasco et Noel López Olguín [http://fr.rsf.org/mexique-avec-l-assassinat-d-une-27-07-2011,40702.html](http://fr.rsf.org/mexique-avec-l-assassinat-d-une-27-07-2011,40702.html).

Gilberto Martínez Vera et María de Jesús Bravo Pagola ont diffusé, le 25 août 2011, des alertes sur de possibles attaques contre une école de Veracruz. Ils ont été arrêtés le jour même, après identification de leurs comptes par la police. Le ministère public de l’État a déclaré, le 27 août dernier, dans un communiqué officiel, que les détenus « avaient l’intention de provoquer des troubles à la vie sociale, économique et éducative de l’État » ainsi que des « réactions d’angoisse et la crainte chez les parents ». Accusation confirmée avec la décision du 1er septembre. Quinze autres utilisateurs de réseaux sociaux font également l’objet d’une enquête.

D’après une information de l’agence de presse Grupo Formula, les deux détenus auraient suivi des pressions psychologiques pendant l’interrogatoire pour les obliger à plaider coupable [http://www.radioformula.com.mx/notas.asp?Idn=194190](http://www.radioformula.com.mx/notas.asp?Idn=194190). Ils n’auraient pas eu accès à un avocat pendant plus de soixante heures. Gilberto Martínez Vera et María de Jesús Bravo Pagola se sont déclarés innocents et auraient dénoncé des mauvaises traitements de la part des autorités.

Cet épisode illustre un peu plus la faillite de tout état de droit à mesure qu’enfle le bilan humain de l’offensive fédérale contre le narcotrafic, qui a fait près de 45 000 morts depuis décembre 2006 [http://fr.rsf.org/mexique-campagne-basta-de-sangre-no-sangre-11-02-2011,39536.html](http://fr.rsf.org/mexique-campagne-basta-de-sangre-no-sangre-11-02-2011,39536.html).